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Comme aucun herbicide important à site d’action nouveau n’a été mis sur le marché au cours des 20 dernières années, que le nombre d’herbicides disponibles stagne ou diminue dans de nombreux territoires de compétence depuis une dizaine d’années et que la fréquence des mauvaises herbes résistantes aux herbicides (MHRH) ne cesse d’augmenter, il faudra utiliser plus efficacement les herbicides actuellement disponibles pour pouvoir maîtriser les populations de MHRH de manière proactive ou réactive. La lutte contre ces mauvaises herbes peut être facilitée par le choix de cultivars qui possèdent eux-mêmes des gènes isolés ou empilés de résistance aux herbicides, codant par exemple des auxines synthétiques. Les producteurs auront d’ailleurs de plus en plus accès à ce type de stratégie dans l’avenir. Un examen des schémas de résistance croisée existant parmi les populations de MHRH pourrait faciliter la recherche de stratégies proactives et réactives contre ces mauvaises herbes. Il aiderait notamment à établir si l’utilisation de cultivars qui possèdent des empilements de gènes conférant une résistance aux herbicides permet de mieux lutter contre les biotypes résistants de mauvaises herbes. Cet examen aiderait en outre à répertorier les autres moyens de lutte herbicide disponibles aux producteurs. Le cléthodime est l’inhibiteur de l’acétyl-CoA carboxylase (ACC) qui montrait le plus faible risque de résistance. En effet, dans les populations de mauvaises herbes, seulement deux des sites ciblés par cet herbicide ont subi des mutations (substitutions d’acides aminés) conférant à la mauvaise herbe une résistance. Par contre, parmi les inhibiteurs de l’acétolactate synthase ou de l’acétohydroxyacide synthase (ALS/AHAS), il n’existe aucun herbicide ou classe d’herbicides à risque réduit. Pour lutter contre les populations de MHRH, les producteurs auront de plus en plus recours à des herbicides dont le site d’action (ou groupe) est associé à un faible risque de résistance, comme les inhibiteurs de l’assemblage des microtubules (trifluraline, pendiméthaline, etc.), les auxines synthétiques (2,4-D, dicamba, etc.), certains inhibiteurs du photosystème II (bromoxynil et autres nitriles), les inhibiteurs de la protoporphyrinogène oxydase (PPO) ou de l’hydroxyphénylpyruvate dioxygénase (HPPD), le glyphosate et le glufosinate (inhibiteur de la glutamine synthétase), qu’ils soient utilisés en séquence, en mélange ou en rotation.
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