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En janvier 1846, Anthony soumit à la chambre d’Assemblée une requête en vue d’obtenir du secours pour son peuple. Appelé à témoigner devant la chambre, il prononça dignement un bref discours en anglais, soulignant ses mots avec soin en frappant la paume de sa main gauche de l’index de sa main droite. « Monsieur, dit-il, je ne comprends pas l’anglais – [je] ne le parle pas très bien. Si je pouvais vous parler ma langue, je pourrais vous dire en un mot, en deux mots, en trois mots ; et vous comprendriez ce que j’ai à vous dire. » II expliqua qu’en tant que chef, il voyageait constamment d’un village indien à l’autre. Un doigt pointé vers le ciel, il déclara : « Je leur dis de penser seulement au Suprême. Vous me comprenez. » Le président répondit : « Oui, nous vous comprenons. » Ces tournées, poursuivait le chef, ne lui laissaient pas le temps de veiller à ses propres affaires, et il était sans ressources. À la demande de plusieurs députés, Anthony s’adressa ensuite à la chambre en micmac ; son éloquence était telle que les députés en furent impressionnés, même s’ils ne comprenaient rien à ce qu’il disait. Joseph Howe*, ancien commissaire provincial aux Affaires indiennes, traduisit l’essentiel du message : chez les Indiens, comme chez les Blancs, ceux qui avaient les fonctions les plus ingrates étaient souvent les plus mal payés. L’appel permit de recueillir 43 couvertures pour les Indiens des comtés de l’Ouest. En mai, Anthony fit une nouvelle tentative et demanda, dans une requête adressée au lieutenant-gouverneur lord Falkland [Cary*], £15 pour acheter 50 couvertures ; on ne lui accorda que la moitié de cette somme.
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