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Cependant, la réussite matérielle ne satisfaisait pas Forrester qui, dans les années d’après-guerre, se fit aussi connaître comme un homme irascible, un fauteur de troubles. Les lettres qu’il fit publier dans les journaux pour dénoncer la prétendue fraude d’assurances de certains gros marchands locaux lui valurent en 1825 une condamnation pour diffamation et une amende de £100. Cinq ans plus tard, après plusieurs autres démêlés avec les gens en place de Halifax, il consolida sa mauvaise réputation en se plaignant de ce que les avocats, juges et fonctionnaires de la ville s’étaient ligués pour lui faire perdre un procès pour dettes qu’il avait intenté contre un officier de l’armée britannique. Convaincu qu’on l’avait traité injustement, il demanda réparation au lieutenant-gouverneur sir Peregrine Maitland* puis, après avoir essuyé une rebuffade, exposa directement son cas au ministère des Colonies dans une lettre où il réclamait vengeance. Selon un contemporain, c’étaient là les agissements d’un homme « obstiné et intraitable ». Furieux, Maitland observa que Forrester était « l’un de ces malheureux qui frôlent l’aliénation mentale sans être assez dérangés pour bénéficier de la protection accordée à ceux qui sont déclarés fous ». La méfiance des capitalistes de Halifax envers lui devint évidente quand, en 1832, ils rejetèrent en bloc sa candidature au conseil d’administration de la Banque de la Nouvelle-Écosse. Ses problèmes illustrent combien il était difficile, pour qui n’était pas né dans l’oligarchie haligonienne et n’en respectait pas les règles, de pénétrer dans ce milieu. Trop irrévérencieux, Forrester ne pouvait obtenir ni charge publique ni faveurs officielles, ce qui ne pouvait qu’aviver son antagonisme envers les autorités.
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