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Telle une archéologue, j’exhume des albums de famille et des boîtes à chaussures pleines de photographies les images où je figure. Je les classe, les numérise et les imprime. Je n’interviens pas directement sur la photographie originale. Je transpose cette réalité sur un papier différent, je recadre parfois un détail qui m’interpelle et je choisis mon format. Une fois ces choix définis, je commence à raconter ma version des faits avec la broderie et le perlage. Le fil est un élément autobiographique car je suis diplômée de l’Ecole de la chambre syndicale de la couture parisienne et que j’ai travaillé en tant que styliste pendant 10 ans. La broderie est également étroitement liée au milieu où j’ai grandi, ou c’est l’activité réservée aux femmes parfaites. Cette activité n’a rien de subversif, mais je la pervertis par mon propos. Je me sers de ces artifices faussement décoratifs pour réinterpréter mon histoire et en dénoncer les travers. Percer le papier avec une aiguille est une sorte d’exorcisme. Chaque trou est une mise à mort de mes démons. J’utilise un fil rouge, qui est mon fil d’Ariane. Il me conduit dans les dédales de mon histoire passée. Le rouge est la couleur des émotions violentes, c’est la couleur du sang, du mauvais sang, c’est une couleur également liée à la sexualité. Les perles choisies pour leur brillance et leur fragilité accentuent le côté décoratif et créent un décalage.
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